Les électrolytes en endurance équestre : pour ou contre l’utilisation ?

La prise d’électrolytes est souvent recommandée en période de fortes chaleurs, de sudation importante, que ce soit par les vétérinaires, les coachs sportifs, les marques de soins équins. et pourtant en endurance, c’est tout l’inverse, ils sont généralement déconseillés. Pourquoi ? Cette question est fréquemment posée par les cavaliers d’endurance et c’est à l’aide des réponses des internautes, des études sur le sujet et de professionnels que nous allons faire le point sur l’apport d’électrolytes en endurance.

Qu’est-ce que les électrolytes ?

Ce sont les sels minéraux dont le corps a besoin pour la contraction musculaire, la transmission nerveuse. Humains comme chevaux en dépensent énormément dans le processus de transpiration. Sans eux, l’organisme n’est pas capable de conserver la bonne quantité de liquide dans les cellules et de les maintenir hydratées. D’autres composés comme les enzymes, certaines hormones ou des protéines interviennent dans ce processus. C’est pourquoi, en cas de perte liée à une forte sudation, les cellules meurent. La conséquence directe est d’entrainer des troubles métaboliques. Les électrolytes sont naturellement plus présents dans la transpiration que dans le sang, d’où le gout de sel. Sodium, chlore et potassium sont évacués par le corps. On retrouve également des macros et oligo-éléments en quantité beaucoup plus faible tels que le calcium, le magnésium et le fer. 

La température corporelle est régulée grâce à la transpiration, il est donc nécessaire lors d’un effort de remplacer l’eau éliminée par de la nouvelle pour éviter la déshydratation et les coups de chaud.

Comment remplacer les électrolytes perdus avec ?

Deux écoles : Soit laisser le corps récupérer et refaire son stock grâce à l’hydratation et l’alimentation, soit si l’on souhaite accélérer la récupération par la prise de boissons énergisantes chez les humains, soit par la prise d’électrolytes chez les chevaux.

Seulement voilà, l’accumulation des électrolytes dans le sang ne sert à rien, voire peut causer des effets néfastes, et on ne sait jamais quelle quantité exacte d’électrolytes le cheval perd lors de l’effort. Aucune étude à ce jour ne montre l’efficacité de l’accumulation des sels minéraux dans le corps en amont de l’effort, mais plutôt l’inverse, à savoir que les reins vont éliminer le surplus en quelques heures.

« Les électrolytes ne doivent pas nécessairement être remplacés dans le même rapport qu’ils sont perdus. Imaginez nourrir un cheval avec 30 cuillères à café de sel ! Les électrolytes perdus seront finalement reconstitués » (Ker.com) dans les jours suivants avec la nourriture et l’eau.

“With regard to endurance horses, we generally try to replace about half of the estimated electrolyte losses from sweat. It is not uncommon to see a horse receive 30-60 g of electrolyte at the beginning and at every veterinary stopover during an endurance race in the heat. If the race is 50 miles (80 kilometers), there would be about three stops, and a 100-mile (160-kilometer) race would have about six stops, which would equate to the horse receiving 120-420 g of electrolyte during the race. Dose rates average out to about 30 g per hour, which is close to half of what a moderately exercised horse will lose in its sweat,” said Crandell. Extreme weather may boost supplementation, according to Crandell. “In extremely hot and humid weather, horses may require more electrolytes to support performance.”

Préparer son cheval à l’effort et à boire

Une bonne alimentation reste la clé d’une bonne performance sportive. Si le cheval est nourri en accord avec ses besoins fondamentaux et les besoins à prévoir pour la compétition, alors il n’est pas nécessaire de compléter par l’apport de sels minéraux. le cheval va naturellement synthétiser ce dont il a besoin dans le processus de digestion et de filtrage effectué par les reins.

Le cheval doit avoir un bloc de sel à disposition dans son paddock et dans son box pendant le concours, l’accès à de l’eau propre en permanence. Pensez à la changer régulièrement si vous prévoyez un concours sur plusieurs jours où le cheval est en box.

La sudation pendant le transport

Si vous effectuez un long transport, le cheval peut perdre des minéraux dans le voyage, il sera alors possible de compenser la perte par une prise d’électrolytes. Utilisez une seringue ou si vous voulez les mettre dans l’eau : préparez aussi un seau d’eau claire à côté. L’eau qui contient des électrolytes est salée, elle donne soif, cela peut être un cercle vicieux. Le cheval doit toujours avoir une source d’eau pure à disposition.

D’ailleurs, beaucoup d’électrolytes commercialisés contiennent du dextrose, du sucre donc, plus que du sel. Ces récupérateurs sont plus utiles après convalescence qu’après effort donc faites attention à la composition du produit utilisé.

La perte d’eau et d’électrolytes pendant l’effort

Il est impératif d’entrainer son cheval à boire pendant l’effort. Les chevaux perdent environ 25kg de sueur sur l’équivalent d’une course de 60 kilomètres. Compenser la perte d’électrolyte par un apport artificiel, sans que le cheval boive, peut s’avérer inutile. Il sera quand même déshydraté. Pas d’électrolyte si pas d’accès à l’eau à côté.

Une expérimentation (Dûsterdieck et al. 1999, attention étude très ancienne) a étudié la réponse de chevaux pratiquants l’équivalent d’une course d’endurance de 60 km sur tapis et à qui on offrait de l’eau avec ou sans électrolytes à différents moments de l’exercice. Quand les chevaux couraient sans électrolytes, ils perdaient environ 25 kg de sueur, compensée par 13 litres d’eau ingérés par une consommation volontaire pendant l’exercice, soit environ la moitié de ce qui avait été perdu. Quand ils couraient avec un supplément en électrolytes (dose de chlorure de sodium distribuée avant et après la course), ils buvaient 23 litres d’eau, soit de quoi compenser toute la perte hydrique et ils commençaient à boire plus tôt durant l’effort.

Les chercheurs pensent que la réponse à la soif provient en partie de la concentration de sodium dans le sang. En cas de sueurs légères, l’eau est libérée, mais la quantité d’électrolytes perdus est minime. L’organisme reconnaît cette perte d’eau et cherche à remplacer le déficit. En cas de transpiration abondante ou prolongée, cependant, l’eau et le sel sont perdus à un rythme similaire, et la concentration de sodium dans le sang peut ne pas augmenter sensiblement. Ainsi, les chevaux ne boivent pas même s’ils sont déshydratés. Selon l’étude « Pass the Salt : Endurance Horses and Electrolytes » du Kentucky Equine Research.

Si le cheval a du mal à boire, essayez de mettre des morceaux de pomme ou du sirop dans l’eau. De nombreux cavaliers d’endurance témoignent, leurs chevaux se mettent à boire après la première boucle seulement et se mettent à boire plus rapidement uniquement lors des fortes chaleurs.

Les points d’assistance : la réduction de la transpiration et de la perte d’électrolyte pendant l’effort

Et oui ! Nos point d’assistance jouent un rôle clé dans la régulation de la transpiration du cheval et voilà pourquoi très peu de vétérinaires ou professionnels recommandent l’utilisation des électrolytes. Rafraichir les chevaux pendant l’effort est 20% plus efficace pour réduire la chaleur corporelle que laisser l’air agir et évaporer la transpiration, selon l’étude « Pass the Salt : Endurance Horses and Electrolytes » du Kentucky Equine Research.

En éliminant la transpiration, plus en refroidissant la température corporelle du cheval, l’assistance limite la perte d’électrolytes.

« Le plus grand groupe musculaire se trouve dans l’arrière-train, de sorte que les chevaux d’endurance ne sont jamais arrosés avec de l’eau froide, car cela peut causer des crampes. Il est préférable d’arroser dans les zones où les veines sont proches de la surface, comme sur l’encolure et les cuisses. Bien que le ventre puisse être épongé, il faut éviter aussi le dos ou les reins », a commenté Kathleen Crandell, chercheuse en nutrition equine au Kentucky Equine Research et cavalière d’endurance.

L’étude indique aussi : « La déshydratation est simplement la perte d’eau corporelle par la sueur ou les déchets. Dans des circonstances normales, les chevaux remplacent l’eau par de la boisson occasionnelle. Lorsque les chevaux transpirent abondamment, par exemple pendant un exercice intense, ils ne sont pas en mesure de remplacer les pertes d’eau assez rapidement pour maintenir l’équilibre des fluides. Chez le cheval, la déshydratation est estimée comme une perte de poids. Les pertes inférieures à 5 % (environ 20 kg pour un cheval de 400 kg) ne sont pas susceptibles d’être détectées. »

Les effets du potassium sur l’organisme

Marc Jess, fondateur de la marque de produits Rekor EPC est souvent intervenu à ce sujet et ne préconise pas l’utilisation d’électrolytes en endurance. « Tous les électrolytes contiennent du potassium, or beaucoup d’études montrent une augmentation de la kaliémie (potassium sanguin) [à l’effort]. Ainsi, l’administration de potassium pendant la course ne serait pas bénéfique, car elle amplifie cette augmentation et pourrait être à l’origine de troubles cardiovasculaires. »

Un excès d’apport de potassium, tout comme une insuffisance rénale* peut entrainer une hyperkaliémie, augmenter le rythme cardiaque ( on ne veut surtout pas) et déregler le fonctionnement musculaire.

En conclusion : pour ou contre les electrolytes en endurance ?

Selon l’étude de Kathleen Crandell comme les propos de Marc Jess ou encore de nombreux vétérinaires en endurance : seuls les chevaux assez hydratés devraient recevoir des suppléments d’électrolytes. Le dosage d’électrolytes dans les chevaux fortement déshydratés va probablement transférer de l’eau précieuse de la circulation vers le tractus gastro-intestinal, ce qui aggrave la déshydratation. Avant de pouvoir administrer des électrolytes, les chevaux doivent boire.

C’est pourquoi la perfusion de confort est depuis quelques années privilégiée à l’issue des courses d’endurance et avant un transport plutôt que les electrolytes.

Pendant l’effort d’endurance, le grooming du cheval reste la clé de la récupération active du cheval et limite la perte des electrolytes.

A l’issue de l’effort d’endurance, il serait préférable d’utiliser des éliminateurs de toxines, pour aider l’organisme à nettoyer les déchets et pouvoir reconstituer ses besoins en oligo-éléments et minéraux naturellement. Car ces éliminateurs vont favoriser l’elimination des lactates par le bias de l’urine et donc par ce mecanisme faire boire.

sources : https://www.espacesoignant.com/soignant/examens-et-analyses-biologiques/bilan-electrolytes-elements-mineraux

https://ker.com/equinews/pass-the-salt-endurance-horses-and-electrolytes/?highlight=electrolytes

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