Imaginé lors des journées de l’endurance à Lamotte-Beuvron en décembre 2022, le contrat d’objectif a été mis en place pour la première fois le weekend du 3 et 4 juin 2023 sur l’endurance internationale de Fleurines où se déroulaient des épreuves de 100 et 120km nationales, jeunes cavaliers et internationales. L’équipe d’Alizée Lafaurie a annoncé sur les réseaux le 30 mai la mise en place de ce nouveau challenge ainsi que les généreuses récompenses allouées aux gagnants.

1 – Mise en place du protocole

L’objectif de vitesse existe dans plusieurs disciplines de la course à pied, en trail et triathlon. Il consiste a définir sa vitesse de course en fonction de la distance et du dénivelé avant le départ, soit en % de VMA, soit en temps de course ou encore en valeur de fréquence cardiaque. Cet objectif permet de se mesurer uniquement à soi-même et réaliser sa course en fonction de son entrainement et de ses capacités propres connues. C’est aussi la possibilité de trouver des partenaires de course ayant le même objectif.

Sur la ligne de départ, les coureurs sont répartis en fonction de l’objectif de temps/vitesse visé. Pour le marathon par exemple, le groupe « Elite » se situe dans un box au devant de la ligne de départ et s’élancent en premier. Ses coureurs sont qualifiés sur plusieurs courses précédentes à une certaine vitesse ou temps de course et accèdent à la catégorie élite, la catégorie de celles et ceux qui peuvent prétendre à la victoire ou au podium.

SAS de départ du marathon de Paris 2023

Ce que le contrat d’objectif apportent à une course d’endurance

Rassemblant l’idée de fixer sa vitesse au préalable et de prendre le départ de la course selon des tranche de vitesse, le contrat d’objectif a été mis en place à Fleurines. Le but de ce challenge est de donner un objectif personnel et de récompenser aussi les cavaliers venus qualifier leurs chevaux et qui, définissant une certaine vitesse de course, s’approcheront de celle-ci.

Le départ en SAS évite aussi l’aspiration des chevaux dans une vitesse de départ qui ne leur correspond pas, en étant éloigné du groupe de vitesse le plus élevé.

Il permet d’identifier les cavaliers/chevaux ayant les mêmes objectifs que vous et d’éviter de se retrouver seul.e sur le parcours., dynamisant le peloton.

Le contrat d’objectif peut également aider à réduire les fautes de train et peut-être même le nombre d’éliminés.

«  En effet sur une course de 60 partants, 15 binômes sont au départ pour tenter faire un top five et tous les autres sont là pour qualifier, remettre en route, faire le point sur son cheval avant un autre objectif ou autre motivation. Je trouve ça plutôt sain de leur donner du grain à moudre qui ne perturbe en rien la course  » – Jean de Chatillon

«  On peut souhaiter qualifier un cheval à 15 comme à 18km/h et réaliser une belle course car régulière et en accord avec l’objectif fixé. Il est important de donner de la visibilité à ces cavaliers qui sont loin du podium, mais réalisent ce type de performance. » Alizée Lafaurie, organisatrice de Fleurines.

2 – Le dispositif de Fleurines

Quatre zones de départs ont été dessinées selon les tranches de vitesses choisies ( A/B/C/D) et les cavaliers pouvaient détendre dans la zone correspondant à leur objectif.

C’est à l’organisateur de définir les tranches de vitesses réalisables sur son parcours en fonction du terrain et des conditions météorologiques.

« Sur les épreuves de 120km le challenge a très bien fonctionné, de nombreux cavaliers avaient donné leur tranche de vitesse ou vitesse précise en amont et ça s’est vu au départ avec soixante-cinq chevaux répartis dans les SAS entre les épreuves CEI, CEN et jeunes » commente Alizée.

La veille lors de la remise des dossards et du briefing, les cavaliers ont pu inscrire leur contrat d’objectif sur une fiche et la signer. Ils avaient le choix entre définir une tranche de vitesse et pour les plus joueurs, la vitesse exacte !

La mise en place du challenge et sa remise des prix

« Il fallait que le challenge corresponde au système informatique et juridique de la FFE pour pouvoir comptabiliser les points et récompenser les gagnants, nous avons longuement préparé la mise en place avec la commission endurance. Evidemment, il y a des améliorations possibles et pour cela il faut que plusieurs organisateurs le testent sur leur terrain. Il y avait 65 partants sur l’épreuve 120km toutes catégories confondues, je suis curieuse de voir avec une centaine de partants ce que le dispositif de SAS permet. »

Pour les récompenses, une plaque a été offerte à chaque cavalier ayant réalisé son contrat d’objectif dans la tranche définie. Un classement a été établi entre les cavaliers qui ont donné une vitesse précise au départ et l’ont plus ou moins respecté.

L’organisation de Fleurine remercie la marque Rekor d’avoir offert des bons d’achat pour ce classement ainsi que l‘élevage de Sommant qui a récompensé les gagnants des différentes épreuves 120 et 100km.

Contrat d’objectif : les plaques de récompense pour bonne estimation de la tranche de vitesse (photo Sandrine Houis)

Résultats du contrat d’objectif sur Fleurines

La cavalière suisse Maud Radelet réalise la meilleure estimation, courant à 16.9km/h de moyenne avec Etonnemoi de Sommant pour un contrat d’objectif estimé à la même vitesse ! Elle remporte une saillie de Fahess de Sommant.

« Pour définir la vitesse, on en a discuté avec le propriétaire/entraîneur de la jument, car je la montai au pied levé et je ne l’avais pas montée avant. Sa cavalière initiale étant tombée le jour avant la course.
On s’est basé sur un pied de 17km/h, mais pour pimenter les calculs, Jean De Chatillon a annoncé 16.9 Sur la piste au final on est parti dans un groupe un peu en sous rythme par rapport aux objectifs fixés du coup on les a quitté sur la 1ere boucle. Pour accélérer boucle après boucle. Et pour la dernière il fallait un peu avancer car, sur la 1ere et 2ème on avait été assez lentement, » explique Maud.

« Il a fallu rattraper le « retard » Jean m’a dit tu dois arriver à 16h23 et donc 20,2km/h. La jument étant fraîche, on a tenté le challenge. Pour moi ce n’était pas trop compliqué de gérer la vitesse car c’est finalement ce qui est demandé en Trec (la carte en moins). Le challenge a quand même changé un peu la donne car sans cela je ne suis pas sûre que j’aurai fait la dernière aussi vite. Un peu plus que les autres oui, mais ça a pimenté la course et ça a donné un objectif à tenir même si on termine au milieu du classement. Ça permet aussi de donner un objectif en plus pour ceux qui ne veulent pas forcément aller chercher la tête du classement ».

Arrivé en 9ème position de la CEI2*, Paul Bard prend la deuxième place du challenge avec une vitesse moyenne de 18.2km/h ayant estimé sa vitesse à 18.3, Julien Lafaure est 3ème avec une vitesse de 19.2km/h sur un objectif de 19.4 et passe la ligne d’arrivée en 6ème position.

Paul Bard : « Je ne connaissais pas la piste de Fleurines, c’est difficile d’estimer une moyenne lorsqu’on ne connaît pas le terrain. J’imaginais le parcours semblable à Compiègne et pour qualifier la jument selon ses capacités, à Compiègne j’aurai tourné à 19km/h, mais là en découvrant le profil du terrain je suis resté un peu en dessous. Avec Elena Paton, nous avions prévu de faire route ensemble et elle a estimé tourner à 18.3km/h, donc je me suis positionné sur la même vitesse. J’ai fais la course de la jument sans chercher particulièrement à rentrer cet objectif et il s’est avéré que c’était le bon pour elle sur ce type de terrain ».

« Je pense que ce contrat d’objectif ne doit pas être « doté ». Il faut éviter que les cavaliers courent en dessous des capacités du cheval ou au-dessus et prennent de mauvais risques pour aller chercher la récompense du contrat. Pour moi, ça ne concerne pas forcément le groupe de tête. »

Julien Lafaure : « Honnêtement c’était du hasard complet, je n’avais jamais couru la bas et il n’y avait jamais eu 120km donc c’était très difficile de juger la vitesse. J’ai pris un second passage au dernier vêt et du coup je n’ai pas pu faire la dernière boucle que je voulais qui m’aurais mis plus haut en vitesse que ce que j’avais mis sur le papier. Donc il y a de l’idée mais c’est encore à creuser pour moi. Et je pense que ça ne concerne pas vraiment les chevaux qui partent dans le groupe de tête, mais plus ceux qui qualifient »